Rotolight AEOS : presque un OVNI !

Publié le : 09/10/2018 14:07:03
Catégories : Tests

Rotolight AEOS : presque un OVNI !

Le Rotolight AEOS est une source de lumière LED continue et discontinue (flash) d’origine britannique, conçue dans les studios de Pinewood par des spécialistes de l’éclairage cinéma. Il se présente sous la forme d’un disque de 31 cm de diamètre sur 7 cm d’épaisseur dont le poids avoisine 1,4 kg. Ce n'est pas une soucoupe volante, mais plutôt un accessoire facile à transporter et à utiliser !

Il s’agit du modèle intermédiaire dans une gamme comprenant le modèle NEO 2 (suffisamment compact pour être monté sur la griffe porte-flash d’un boîtier reflex) et le modèle ANOVA PRO 2, destiné aux tournages plus ambitieux. Très compact, le modèle AEOS testé ici se montre également très ergonomique, grâce à deux poignées aluminium bien dimensionnées et diamétralement opposées.

Cette source s’alimente grâce à un boîtier secteur 220 V ou avec une batterie 14 V en monture V type camera, rendant l’ensemble très pratique en situation de tournage ou de plateau photo en site naturel.

Le panneau circulaire comprend une alternance de LED « blanches » et « oranges ». C’est le dosage d’illumination entre ces deux types de LED qui en fait une source dont la température de couleur peut varier entre 3150 et 6500 K.

Les sources lumineuses Rotolight bénéficient d’un ensemble complet d’accessoires : cadres coupe-flux, boîte à lumière, gélatines colorées directement adaptables, modeleur nid d’abeille, batterie, sacs de transport et pied. A 900 €, le pack de base comprend une source AEOS, une rotule 360°, un bloc secteur et 4 gélatines colorées. Pour 1600 €, le Light Kit embarque deux AEOS, deux rotules, deux pieds, deux jeux de filtres, deux alimentations et un grand sac de transport compartimenté. Il faut compter 325 € pour une batterie Rotolight RL-BATT-95 et 70 € pour le chargeur.

Commandes et connectique 

Tout se passe ici en face arrière du produit, qui présente, de haut en bas et de gauche à droite :

  • un afficheur LED rouge à 4 digits,
  • un connecteur d’alimentation,
  • deux boutons rotatifs rouges,
  • l’interrupteur marche/arrêt,
  • un port USB pour les mises à jour firmware ultérieures,
  • une interface entrée sortie DMX,
  • une prise jack mono 3,5 mm de déclenchement flash
  • et la monture V pour batterie.

Invisible mais bien présent (à partir de la version 1.2 de l’AEOS), il faut également compter avec un module sans fil Elinchrom Skyport embarqué, permettant de déclencher le flash par radio avec les émetteurs compatibles, y compris en mode HSS (haute vitesse au 1/8000e s). L’utilisation avec un émetteur EL Skyport permet de déclencher 10 AEOS, de régler individuellement leur puissance et leur température de couleur. La navigation dans les menus et sous-menus grâce aux seuls deux boutons s’avère au départ un peu délicate. Mais après 2 heures de manipulation, votre chef opérateur (ou vous-même) devriez savoir configurer l’engin assez facilement. 

Montage

Le Rotolight AEOS présente sur sa circonférence 2 trous taraudés au pas 1/4" – 20, diamétralement opposés. Curieusement, le taraudage du trou percé sur les poignées (sur lesquelles s’accroche le cadre du coupe-flux) n’est pas standardisé. Cela aurait pu permettre deux autres points de montage, au prix d’une rotation de +/- un quart de tour de l’ensemble. L'AEOS est fourni avec une rotule-ball 360° avec pas 1/4''-20 et 3/8e

Fonctionnement en lumière continue

C’est évidemment le mode de fonctionnement le plus simple : après mise sous tension de l’appareil, le bouton gauche du panneau arrière contrôle l’intensité lumineuse et l’afficheur LED arrière indique cette intensité par un pourcentage compris entre 0 et 100. L’ajustement de la température de couleur, entre 3150 K et 6300 K par pas de 10 K, se fait en tournant le bouton droit. La puissance maximale est obtenue pour la valeur 4200 K, comme le montre le tableau ci-après. Dans le mode étendu dit « Custom Calibrated » on peut contrôler indépendamment avec les deux boutons l’éclairement de chaque type de LED, ce qui permet d’atteindre des valeurs extrêmes de température de couleur, qui s’étend alors de 2800 K à 7200 K. Mais il faudra dans ce cas s’aider d’un thermocolorimètre pour obtenir une température de couleur donnée. Cette valeur sera ensuite utilisée comme préréglage pour les fonctions activées ultérieurement, jusqu’à extinction de l’appareil. 

Pour se caler sur des conditions réalistes en prise de vue vidéo, les mesures sont effectuées à la vitesse de 1/30e s, cellule positionnée à 61 cm du centre du Rotolight et réglée sur la sensibilité de 100 ISO. La mesure est effectuée en équivalents diaphragme. Le deuxième nombre indique les dixièmes de diaph. Exemple :  4 – 9 signifie diaph 4 + 9 dixièmes, soit presque diaph 5,6. 

Puissance

100 %

50 %

25 %

12 %

6 %

3 %

TC 3150 K

8

4 - 9

4 - 1

2,8 - 4

2 - 7

2 - 1

TC 4200 K

8 - 7

5,6 - 8

4,0 - 9

4 - 2

2,8 - 5

2,8 - 1

TC 6300 K

8

5,6 - 1

4,0 - 3

2,8 - 6

2,0 - 5

2 - 8

Entre 100 et 25 %, le réglage d’intensité est très exact : diminuer la valeur de moitié équivaut bien à une perte d’1 IL. Le réglage est sensiblement moins précis en deçà de 25 %...

Mode FDIM 

Toujours en lumière continue, le mode FDIM auquel on accède via le mode Menu permet un ajustement très rapide de l’ouverture de diaphragme sur le boîtier ou la caméra en fonction de la puissance de la source. Il convient tout d’abord d’entrer dans le Rotolight les valeurs de sensibilité, vitesse d’obturation et distance de la source lumineuse au sujet (en pieds) correspondant à la scène. On l’effectue à l’aide des deux boutons rotatifs. Une fois ces paramètres saisis, l’afficheur indique l’ouverture de diaphragme requise en fonction de la puissance d’éclairage choisie (action sur le bouton droit dans ce mode). Si la distance à la source lumineuse est modifiée entre deux plans successifs, il suffit de retourner changer ce paramètre et de réactiver le mode FDIM. Inutile en théorie de refaire une mesure de lumière.

Et ça fonctionne plutôt bien ! 

Effets spéciaux 

On le sait, une des vocations du cinéma est de faire prendre des vessies pour des lanternes au spectateur. L’AEOS y contribuera lui aussi, puisqu’il embarque nativement un certain nombre d’effets lumineux qui feront illusion à la prise de vue (foudre, simulation de scène éclairée par un feu de bois, écran TV, gyrophare, stroboscope, etc.). Nous avons essayé les modes feu de bois et TV et voici ce que cela donne, dans un intérieur où on ne trouve ni cheminée, ni écran TV ! 

Séquences vidéo : puissance à 56 %, Couleur à 3500 K + gélatine et 6300 K respectivement. Boîtier réglé à : 1/25e s, f /5,6, 800 ISO

 

A noter que ces effets peuvent être dosés. Pour la simulation de feu de bois, outre la puissance (maxi) et la température de couleur, on peut régler la fréquence des effets (flammes crépitant plus ou moins vite) ainsi que la dynamique du foyer ! Attention, le Rotolight ne génère pas la bande son correspondant à l'effet choisi ! Ce sera à votre ingénieur du son de la produire...

Flash 

La grande originalité du Rotolight AEOS consiste en l’existence d’une fonction flash + lampe pilote qui s’ajoute au mode lumière continue. Une combinaison susceptible d’intéresser les photographes qui filment avec leur appareil photo numérique, tout en restant… photographes en certaines occasions. D’autant que dans le mode flash, on conserve la possibilité d’ajustement continu de la température de couleur du Rotolight. Qui plus est, par construction, le temps d’attente entre deux éclairs est virtuellement nul. Impossible de disposer de la même souplesse et de la même rapidité lorsque l’on utilise des flashes traditionnels ! Cette possibilité inhérente au Rotolight ouvre de vastes perspectives sur des scènes où un mélange de sources est inévitable, comme ci-dessous. Baignée par une jolie lumière de fin de journée d’été, Nadine, notre modèle improvisé, se tient à l’entrée d’une grange. Malheureusement, une moitié de son visage est complètement dans l’ombre. Qu’à cela ne tienne, un petit éclair de Rotoligh calibré à 4200 K (température correspondant exactement au premier cliché) et le tour est joué : les ombres sont débouchées, sans décalage de tonalité entre la gauche et la droite du visage. La prise de vue est simplifiée, le besoin en retouche largement réduit. On apprécie au passage la belle restitution des teintes chair.

 

Pour ce faire il aura suffi d’appuyer simultanément sur les deux boutons rouges, pour entrer dans le mode Menu. C’est ensuite le jeu conjoint sur ces deux boutons qui permettra de naviguer dans les sous-menus de l’AEOS et notamment celui dédié au flash. A défaut d’être tout à fait évidente, cette manipulation ne posera pas de problème particulier aux assistants plateaux le plus vifs d’esprit.

Autre exemple, sur la nature morte aux cuivres présentée ci-dessous, photographiée au petit matin en cuisine, à la seule lumière du jour pour commencer. Le boîtier étant en mode balance des blancs auto, la température mesurée par le capteur ressort à 3700 K, et l’automatisme remplit pleinement sa fonction en neutralisant la dominante orange propre à cette température : l’image est très neutre. Sur les deux images suivantes, le Rotolight est mis en service avec ses deux valeurs extrêmes de température de couleur, le boîtier étant cette fois calé sur 3700 K, en équilibrant l’intensité des deux sources, éclair de flash et lumière naturelle. Résultat sur les images n°2 et 3 : les ombres sont bien marquées et donnent davantage de relief aux objets. Quant aux ambiances, elles tirent respectivement sur le bleu et sur l’orangé. Il n’y a plus qu’à choisir l’image la plus réaliste (ou la plus agréable à l’œil, ce qui n’est pas toujours la même chose… Ici, probablement la n°3).

Image n°2 - AEOS avec TC 6300 K + lumière du jour

Image n°3 - AEOS avec TC 3200 K + lumière du jou

 

En mode flash, deux réglages influent sur la quantité de lumière émise : le choix direct de la puissance ainsi que le réglage de la durée de l’éclair

Le choix direct de la puissance de l’éclair peut prendre les valeurs suivantes : Max* (sur le modèle 1.2), Max, ½ Max, ¼ Max, x8 et x16.

  •       Max* correspond à la puissance maximale de la source continue + 2 IL
  •       Max correspond à la puissance maximale de la source continue + 1 IL
  •       ½ et ¼ correspondent respectivement à ½ fois et ¼ fois le niveau de puissance Max 

Dans ces premiers modes, l’intensité de la lampe pilote peut être réglée en continu entre 0 et 100 %

Les modes x8 et x16 sont un peu particuliers. L’éclair de flash est alors de 8 x ou 16 x la valeur de la puissance de la lampe pilote. Sur la position x16, l’intensité de la lampe pilote est donc réduite de moitié par rapport à x8. En termes de puissance d’éclair, les deux réglages donnent donc exactement les mêmes résultats :

Pilote

100 %

50 %

25 %

12 %

6 %

3 %

Diaph équivalent de l’éclair de flash

11 - 3

8 - 4

5,6 - 5

4 - 9

4 - 5

4 - 5

La durée de l’éclair varie entre 1/50e s et 1/2500e s, en passant par les valeurs intermédiaires 1/125e, 1/160e, 1/200e, etc. Lorsque l’on passe progressivement de 1/100e à 1/2500e, on constate bien aux mesures une diminution de la puissance de l’éclair d’un tiers d’IL par graduation. Ces variations restent constantes à Max, ½ Max et ¼ Max. A 1/50e,1/60e et 1/80, 1/100e, la puissance mesurée de l’éclair semble constante. Pour ces valeurs longues de durée de l’éclair, attention néanmoins à l’interférence avec la vitesse d’obturation choisie sur le boîtier. Si on obture au 1/100e s un éclair de flash qui dure 1/50e s, on ne recueillera sur le capteur que la moitié de l’énergie émise. La puissance maxi de l’éclair de flash est estimée à 16 Joules.

 

Conclusion

Le Rotolight AEOS est un appareil robuste, bien conçu et pourvu, susceptible sur le papier de satisfaire la plupart des exigences des photographes qui filment avec leur appareil photo. Tant en lumière continue qu’en mode flash, sa puissance reste cependant modeste (5750 Lux à 0,9 m selon les données constructeur), même si elle est supérieure à celle de bien des panneaux à LED. Dans la plupart des cas, il faudra donc en combiner plusieurs pour pouvoir éclairer décemment un plateau de prise de vue photo ou vidéo. Ou s’en contenter en tant que source secondaire pour déboucher les ombres.

En termes de fonctionnalités, l’AEOS a tout pour plaire, à commencer par une large gamme de température de couleur, réellement fiable et exploitable, et une richesse spectrale très satisfaisante. L’IRC indiqué par le constructeur est de 96, et la mesure selon la très exigeante norme TLCI s’établit à 91, ce qui peut être considéré comme très bon. L’AEOS se distingue également par une absence totale de scintillement. Cette source ne dénature pas les sujets et sa grand stabilité est rassurante ! De plus, la gamme d’accessoires compatibles (coupe-flux, gélatines, nid d’abeilles, batterie, sacoche de transport) est très complète. Par sa nature très polyvalente, c’est donc un accessoire qui se distingue fortement de la concurrence.

Partager ce contenu